2000-2020 : QUELLES REFORMES ÉDUCATIVES, POUR QUEL JAPON ?

Conférence de M. Christian GALAN

Professeur des Universités à Toulouse Jean-Jaurès, chercheur à l’Institut Français de Recherche.s sur l’Asie de l’Est (IFRAE), membre du collège des académiciens de l’ATAO.

Cette conférence a été donnée le 3 juin 2023 dans le cadre du jubilé des 31 ans de l’ATAO, Académie Toulousaine des Arts & Civilisations d’Orient, au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse.

(Voir le programme complet des conférences des 2 et 3 juin)

Pas de vidéo de cette conférence .

M. Galan commence par énoncer quelques idées reçues :

Par essence, le Japonais est sérieux, pragmatique, travailleur, etc.

Le Japon n’évolue pas et reste le même, rien de change.

En fait, il est difficile de parler du Japon qui est un pays très complexe.

Le Japon est une démocratie depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, mais aujourd’hui, ce n’est pas la réalité car la démocratie est en crise dans ce pays.

De même, le système de l’éducation au Japon connaît une crise et se trouve à un tournant. En fait, très peu d’échos nous parviennent de ce qui se passe vraiment dans ce pays.

Le Japon n’est pas le seul à remettre en cause son système éducatif. Plusieurs exemples sont donnés de présidents voulant réformer l’éducation de leur pays : au Brésil, en Hongrie, en Turquie …

Il s’est passé la même chose au Japon avec Chinzo Abé. Depuis les années 2000, les nouvelles idées « réformatrices » proviennent de l’extérieur du système éducatif, car elles sont motivées par des objectifs néolibéraux (moins coûteux pour l’État) et néoconservateurs.

M. Galan dresse un tableau des réformes éducatives d’origine purement idéologique :

1 – Réformes Obuchi – Koizumi (1999-2001).

Obuchi, du Parti Libéral Démocrate, a réduit de 25% le nombre des fonctionnaires et a imposé de combiner une éducation administrée par l’État avec une éducation de marché de façon à obliger les citoyens à se former pour s’adapter aux besoins de la société.

Il en résulte des réformes d’inspiration néolibérale, qui concernent aussi l’université. La loi fondamentale de la Constitution de l’éducation de1947 est modifiée et sa modification est votée en 2006.

Koizumi apporte une dérégulation et, au final, le système éducatif compte 90% de modifications néolibérales. La loi n’impose rien, mais déverrouille tout ce qui était interdit jusque-là.

2 – Réformes Abé (2006 -2007)

Chinzo Abé est le petit-fils de Nobusuke Kishi, ancien criminel de guerre libéré par les Américains et ancien premier ministre. Chinzo Abé fut deux fois premier ministre, entre 2006 et 2007 et de 2012 à 2020.

Gouvernements du parti démocrate (2009-2012)

3 – Réformes Abé (2012-2020)

Les réformes Abé sont de nature néoconservatrice et nationaliste, fondées sur les valeurs de la tradition et le fait religieux. .

Aujourd’hui, deux types opposés de projets se présentent pour le système éducatif japonais :

– le projet néolibéral,

– le projet néoconservateur, totalitaire et révisionniste.

De plus, la COVID-19 a fait exploser ce système éducatif, parce que les élèves japonais n’ont pas pu aller en classe pendant trois mois, et qu’ils n’ont pu suivre aucun cours en l’absence totale de relais numérique. Donc, ils ont accumulé du retard et ont manqué de socialisation. En conséquence, le niveau des élèves a baissé, ce qui ne fait que rajouter à la crise de l’éducation que connaît actuellement le Japon.

Si ce sujet vous intéresse, nous vous recommandons le livre de Christian Galan – Aline Henninger – Yves Cadot : Loyauté et patriotisme (le retour).

Éditeur : Presses universitaires de Rennes Collection : Histoire -. 2023

Publié avec le soutien de l’IFRAE (UMR 8043) et de l’université d’Orléans.