Sud-Kanara, Karnataka

Lundi 26 avril à 18H00

par

Marine CARRIN

Ethnologue spécialiste de l’Inde

Directrice de recherches émérite au CNRS

Résumé

La relation entre les castes structure toujours la société indienne mais elle définit des dynamiques qui relèvent autant de la compétition que de la hiérarchie.

La société du Sud-Kanara sur la côte Ouest du Sud de l’Inde, dans l’Etat du Karnataka regroupe un grand nombre de castes et se présente comme un monde pluriel où domine une imagerie politique particulière, celle des anciens royaumes Jain, qui défendent l’idée d’un roi capable de faire régner le dharma (devoir, ordre moral) en ce monde. Toutefois, les Bunt, seigneurs et propriétaires terriens tentent encore d’exercer une forme de pouvoir sur leurs anciens dépendants et serfs les Billavas et d’autres basses castes. Si les manoirs des chefs sont aujourd’hui rénovés, ils ne sont plus des lieux où s’exerce la justice depuis les réformes foncières des années 1970.

Le paysage et ses monuments soutiennent l’imagerie du petit royaume qui est réactivée lors de rites grandioses, où le chef détient encore certains privilèges. Toutefois, les Billavas  qui étaient les archers des Bunt et d’ex intouchables luttent pour affirmer leurs droits. On verra comment ces derniers  préfèrent aujourd’hui pratiquer leurs rituels dans leurs propres sanctuaires plutôt que de participer à la religion des grands temples.  Mais surtout, les Billava qui ont accédé à l’éducation grâce aux écoles des missions protestantes au 19ème siècle, entrent aujourd’hui en compétition avec leurs anciens maîtres. D’autres castes, tels les Brahmanes Madhava exercent une influence intellectuelle et spirituelle sur les hautes castes tandis que les brahmanes GSB ont un rôle économique lié à la modernité ce qui leur permet d’assurer des formes de mécénat.

D’autres communautés tels les Chrétiens et les Musulmans ont développé leur propre sphère d’influence dans une région en pleine expansion qui profite de l’émigration des travailleurs dans les pays du Golf. Le Sud-Kanara représente une forme d’anomalie au niveau de l’Inde où les conflits entre les castes ne s’opposent pas au développement économique et social même si les castes intouchables, tels les Koraga ont du mal à faire entendre leur voix, dans un monde qui reste hiérarchique.

Extraits choisis de la conférence

Quelques morceaux choisis de la conférence, pour vous faire revivre l’intervention de Marine CARRIN.


Un rituel organisé par des hautes castes avec des médiums de basse caste
Les médiums des divinités Billavas consultent l’oracle pour les fidèles de leur caste.

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Lecture complémentaire

Bibliographie :

Carrin, M. (2000)«  Les bouches multiples de la vérité: la possession des médiums au Karnataka » , La Possession en Inde, Etudes réunies par J.Assayag et G.Tarabout, Purusartha, 21:383-419.

Carrin, M. et H.Tambs-Lyche (2003) « You don’t joke with these fellows : Power and Ritual in South Canara, India », Social Anthropology ,European Association of Social Anthropologists :11-1: 23-42.

Carrin, M. et H.Tambs-Lyche (2009) « À quelle nation se vouer : Les représentations diversifiées de l’État au Sud Kanara, Inde », Journal des Anthropologues : 118-119 :305-335.

Carrin, M. et H.Tambs-Lyche (2018) « A bon entendeur salût ! » Les langages du Religieux, Parcours anthropologiques,Open Edition n°13 :70-93. http:// journals open edition org/pa/704 .


A Paravar devil-dancer, ca. 1909.