Le prix littéraire de l’Académie des arts et civilisations d’Orient 2016

L’académie des arts et civilisations d’Orient a ouvert un concours pour un prix littéraire ATAO.
Nous avons collaboré avec Monsieur Thorel d’ombres blanches pour proposer une liste d’ouvrages thématiques en résonance avec notre Académie.

La composition des membres du jury s’établissait ainsi :

Marc Albouy Président de l’ATAO
Le Professeur Roger Attali,
Le Professeur Jean Paul Bonhoure,
Le Professeur Pierre Galan,
Le Professeur Lucien Mandeville,
Le Docteur Alain Martinez, Président du jury.

Les livres sélectionnés par le jury étaient :

– Les Evaporés du Japon de Léna Mauger et Stéphane Remael, éditeur Les Arènes
Les Evaporés de Thomas Reverdy, éditeur J’ai Lu
Hiver à Shocko de Elsa Shua Dusapin, éditeur Zoé
Eclipse japonaise d’Éric Faye Editeur le Seuil
Monsieur Origami Jean Marc Ceci Galimard

Le thème principal de ce concours était centré sur les évaporées du Japon. Ce terme, certainement traduit de façon littérale, désigne en fait les disparus de la presqu’île japonaise.
C’est un phénomène sociologiquement important puisse que l’on ne dénombre pas moins de 120 000 disparitions par an et, ni la police, ni la famille, ne diligente des recherches opiniâtres.
Les raisons pour lesquelles ces personnes disparaissent sont de plusieurs ordres :
Les évaporées volontaires sont des citoyens qui connaissent des difficultés économiques liées aux conséquences des « sub prime », des crises industrielles qui ont frappé le Japon et qui entraînent des licenciements massifs. Il y a également des faillites avec endettement personnel important qui entraînent le sujet dans une fuite sans espoir de retour. Sans espoir de retour, car cette fuite est interprétée comme une lâcheté par la famille et, perdre la face, pour un Japonais, est chose insupportable. Ces évaporées volontaires vont s’exiler dans un quartier mal famé de Tokyo où ils accompliront des tâches subalternes et seront exploités par les gangs de yakousas. Leur existence sera difficile et, certains d’entre eux vivront un véritable enfer et, c’est le thème des deux livres intitulés évaporés du Japon de Léna Mauger et Stéphane Remael de Reverdy et les Evaporés de Thomas Reverdy ;
Le deuxième type de disparition relève du kidnapping de citoyens japonais par la Corée du Nord où ils vont être embrigadés, conditionnés, soumis à des conditions d’existence très dures. Durant cette phase d’enlèvement ils devront apprendre le coréen et connaître par coeur la doctrine de la dynastie des Pyongyang et ils seront assignés à l’enseignement du japonais dans toutes ses composantes linguistiques, y compris vernaculaires, et devront apprendre à leurs élèves des traditions et les comportements divers typiquement japonais, afin que des agents dormants puissent infiltrer le Japon sans être reconnus. Cette assimilation de la culture japonaise leur permettra de passer inaperçus. C’est le thème du livre Eclipses Japonaises de Mr Éric Faye.
La troisième cause de disparition est évidemment le suicide et certaines falaises sont connues pour les sauts de la mort que les désespérés effectuent. C’est, en dédicace, à ces victimes, que l’auteur a puisé son inspiration.
À côté de ces deux ouvrages sur les évaporées du Japon le jury a examiné deux ouvrages différents :
Monsieur Origami de Mr Jean-Marc Sessi, avec un style proche des haïkus (ces poésies japonaises très courtes) nous narre la rencontre d’un sage japonais avec un chercheur en horlogerie. Monsieur Origami cherche, quant à lui, la plicature de l’origami qui pourrait comporter en elle-même la quintessence d’expression de cet art. L’origami est caractérisé par un pliage savant et artistique d’un papier de fucus. Maître Kirogiku poursuit le rêve de réaliser, par un seul pli, la représentation artistique de 1000 grues dont la légende affirme qu’elle assure, pour celui qui en réalise le prodige, la guérison de toutes les maladies. Il rencontrera donc ce chercheur qui veut, quant à lui, par une montre sophistiquée, afficher toutes les composantes du temps. Rencontre de deux utopies qui va s’avérer fondamentale pour le chercheur en horlogerie. Le sage prononce la phrase obscure : « Toute beauté a sa part d’ombre » et, c’est en lisant ce livre que l’on comprend la signification de cet aphorisme. L’horloger trouve, grâce à l’art de la simplification géniale enseignée par Maître Origami , la solution du problème induit par sa recherche.
Enfin, le roman de Elsa Shua Dusapin narre la rencontre sentimentale ratée entre un occidental et une coréenne elle-même métisse dans le cadre d’un paysage coréen tourmenté.

Le lauréat du concours désigné à l’unanimité des voix est Mr Eric Faye pour son livre Eclipses Japonaises (éditeur le Seuil).